Stéphane Barret, est un créateur plasticien, notamment connu pour sa célèbre sculpture de Brad Pitt au musée Grévin. Véritable passionné, Stéphane Barret s’est rapidement démarqué par son imagination débordante et surprenante.
Créateur polyvalent et un soupçon touche à tout, Stéphane Barret a aujourd’hui atteint une certaine maîtrise des techniques des résines plastiline, polyréthane, polyester, époxy, silicone, etc.
Hyperréalisme, prototype, publicité, musée… on vous l’avait dit, Stéphane est décidément un super-héros de l’art contemporain ! Mais quel est son secret ? Comment arrive t-il à créer autant ? Comment lui est venue cette passion ?
Stéphane Barret nous emmène dans un monde ou l’imagination est décidément sans limite…
Bonjour Stéphane ! Tout d’abord, merci d’accorder de ton temps à notre rubrique « Portrait Créateur ».
- Nous aimerions savoir qui es-tu vraiment Stéphane ? Que fais-tu de ton temps libre ?
Mon temps libre….. Jongler entre mon travail professionnel, qui me prend une grande partie de la semaine, régulièrement mes week-ends et souvent mes nuits, des cours que je donne à Créapole (école de design et de création) et une vie de famille, je crois que je n’ai plus beaucoup de temps libre depuis quelques années !
- En tant qu’artiste plasticien, quelle a été ta formation pour en arriver là ?
J’ai un parcours assez compliqué pour arriver où j’en suis aujourd’hui.
J’ai une formation technique, un bac F1, un BTS Fabrication mécanique, qui s’appelle aujourd’hui productique que j’ai passé en région centre, à Vierzon. Suite à cette formation j’ai donc logiquement travaillé en entreprise, ou j’étais responsable d’un atelier de production de pièces mécaniques d’une trentaine de personnes.
C’est durant ces années que m’est venue l’envie de travailler avec mes mains et faire de la sculpture ; et pendant 3 ans j’ai produit, produit…. un grand nombre d’œuvres (Je faisais des moulages sur corps et je les intégrais dans des tableaux, le tout en noir et blanc). J’ai fait de nombreuses expositions en région centre, une exposition personnelle et le Salon des Artistes français en 1993. Cela a vraiment été LE déclic, et j’ai eu vraiment envie d’en faire mon métier.
J’ai repris des études de Design à l’ESDI sur Paris , je suis sorti diplômé en 1995. Après quelques boulots dans le domaine du design, c’est vraiment la sculpture qui m’intéressait, et j’ai eu de la chance de tourner dans pleins d’ateliers où j’ai travaillé pour la publicité, la muséographie, je réalisais des prototypes, j’ai commencé un peu l’hyperréalisme, etc…..et surtout j’ai appris beaucoup de choses sur les techniques et les matériaux.
En 1997, je rentre à la maison des artistes comme sculpteur indépendant ! Et j’installe mon atelier a Argenteuil.
Je peux dire que je suis complètement autodidacte, j’ai malheureusement aucune formation dans une école d’art.
- As-tu toujours voulu faire ce métier ?
Je crois que oui, je pense que cela a toujours été dans mes gènes, mon papa était professeur de modelage sur bois (décédé en 1978), et ma maman à toujours fait de la peinture et de la sculpture pendant son temps libre.
- Te positionnes-tu dans un style artistique en particulier ?
Aujourd’hui oui, je me définis comme sculpteur hyperréalisme humain et animalier. C’est vraiment le domaine qui me passionne le plus, car il est très difficile à maîtriser, c’est en permanence un challenge que j’adore relever.
- Quelles sont les techniques que tu maîtrises le mieux ? Quelle est celle que tu préfères ?
Je ne sais pas s’il y a une technique que je maîtrise le mieux, car dans mon métier il faut presque être capable de savoir tout faire. Quand l’on me passe une commande, il faut être capable de faire preuve d’originalité, de faire le moule pour pouvoir le dupliquer, de faire le modèle définitif avec la texture ou la peinture… et j’ai fais des choses très petites, comme des faux chocolats pour la pub ou des choses monumentales comme la copie d’un squelette de mammouth pour le Muséum d’histoire Naturel.
Et il n’y a pas une technique que je préfère plus que l’autre, c’est vraiment par rapport à ce que l’on me demande de faire, et sur ce que je dois avoir en final….
- Qu’est-ce qui te plait le plus dans la sculpture ?
C’est difficile comme question…. Je crois que pour moi c’est de pouvoir transformer de mes mains une idée en dessin (2D) en un volume 3D.
- Peux-tu nous raconter comment s’est déroulée la réalisation de la fameuse sculpture de Brad Pitt au musée Grévin ?
Ah ! Une belle aventure….. C’est vrai que j’ai la chance aujourd’hui de pouvoir travailler pour le Musée Grévin, et cela dure depuis 10 ans environ.
Pour Brad Pitt, je n’ai malheureusement pas eu la chance de le voir, il est vrai que cela est assez compliqué pour des personnalités internationales comme Brad Pitt, (car pour la majorité des « clonages » que j’ai réalisé, j’ai la chance de pouvoir les rencontrer).
Pour une personnalité que je rencontre, je fais en moyenne 300, 400 photos, dans l’expression sur 360° à hauteur des yeux, vue de dessus et dessous et sur pleins de détails pour avoir un maximum d’infos, etc.
Pour Brad Pitt, j’ai donc travaillé d’après des photos de presse et des vidéos, un travail assez compliqué, car les attitudes et les expressions sont différentes selon les photos : il m’a fallu pratiquement 3 mois pour le modelage de la tête en plastiline, dur, dur… (1 mois et demi pour une personne que je rencontre) car il fallait vraiment que j’arrive à être le plus proche possible de la réalité. J’avoue avoir eu de nombreux moments de doutes et d’interrogations, qui ont finalement laissé place au plaisir d’y arriver. C’est cela qui me plait dans mon travail.
La tête est ensuite moulée en silicone et à l’intérieur une tête en cire a été coulée. J’ai positionné les yeux et les dents (quand elles sont visibles) et ensuite un gros travail d’implantation des cheveux et du maquillage réalisé dans les ateliers de Grévin par des personnes qui maîtrisent ces techniques.
Un positionnement sur un corps en résine, que je gère également. Et le tour est joué ! La copie conforme de notre ami Brad (enfin pratiquement conforme, car on a toujours des petites interrogations de temps en temps).
- Nos internautes aimeraient en savoir plus sur la pratique de la pâte à modeler plastiline… Peux-tu leur expliquer brièvement tes secrets en la matière ?
La plastiline est vraiment un matériau intéressant à travailler, car il ne sèche pas et ne se modifie pas dans le temps (pour info, j’ai des modelages que j’ai commencé depuis plus de 10 ans et ils n’ont pas bougé). La seule chose, c’est la poussière que le matériau n’aime pas après toutes ces années.
Moi, j’utilise de la Plastiline 50 en dureté, car elle n’est pas trop dure et je peux facilement la travailler. Pour des plus petites pièces j’utilise une dureté plus élevée (60 ou 70), car la chaleur de mes mains ne me permet pas d’avoir de petits détails précis, elle ramollie trop facilement. Sinon un peu dans le réfrigérateur pendant quelques minutes pour lui redonner de la dureté.
Je la fais également chauffer, dans une grosse casserole pour la faire devenir liquide quand j’ai besoin de la couler dans un moule ou autre, et je démoule quand elle est redevenue à l’état solide.
Attention, ça brule de la plastiline liquide sur les mains !
Je l’utilise également à l’état de « crème ».
Je m’explique : après l’avoir rendu liquide, je la laisse refroidir, et lorsque qu’elle arrive à une consistance un peu crémeuse, ou non coulante, je la prends avec une spatule pour l’étaler sur le volume que je suis en train de construire. Ce qui fait gagner du temps.
Enfin un très bon produit.
- Une question peut-être difficile: quelle est ta création préférée et Pourquoi ?
Encore une question pas facile à répondre… Je crois que c’est toujours la dernière que je viens de finir, car c’est tellement intensif et prenant, que j’en oublie un peu mes réalisations précédentes ! Mais je crois aussi que je les préfère toutes sans exception.
- Qu’elle est ta plus grande source d’inspiration ?
Je crois que depuis que je fais de l’hyperréalisme humain, ma plus grande source d’inspiration c’est les gens dans la rue, dans le métro, enfin partout ; je suis constamment en train de les observer, me dire, tiens celui là a un grand nez, celle-ci a des jolis yeux, un autre a un sourire intéressant.
Et certaines fois je dois passer pour quelqu’un de bizarre, en dévisageant les gens comme je le fais.
C’est ce que l’on appelle, la déformation professionnelle.
- Si tu devais te décrire en 1 mot, lequel serait-il ?
Passionné !
- Le site Creavea répond-il à tes attentes ? Qu’aimerais-tu voir de plus ?
Je pense que c’est intéressant d’avoir un site qui regroupe un maximum de matériaux et matériels pour les loisirs créatifs, beaucoup de gens ont envie de s’évader, de créer, de produire des choses qu’ils ont réalisés et Creavea est bien pour cela.
Des démonstrations en vidéo pour imager les produits seraient très intéressant.
- Pour finir, nous aimerions que tu clôtures cette interview en laissant libre court à ton imagination ! Bon exercice non ?
Alors simplement…
J’ai un métier formidable où je « m’éclate » dans ce que je fais tous les jours. Je ne sais pas si j’ai eu de la chance, mais je pense l’avoir un peu provoquée. J’ai toujours fait ce que j’avais envie de faire ou prévu, j’ai toujours pris de gros risques en acceptant tous les boulots que l’on me proposait, sans savoir si j’allais être capable de les faire ou être dans les temps pour les livrer, sans compter mon temps (j’ai eu des chantiers de plus de 10 jours où j’ai dormi quelques heures seulement) et des fois peu rémunéré mais j’ai toujours réussi, avec de la patience et de l’acharnement. Et ce monde de la création est tellement petit, que j’ai pu rapidement me faire remarquer, pour en arriver là où j’en suis aujourd’hui.
Et j’en suis très heureux.
Pour finir, mon seul petit regret est : auparavant, je rêvais d’être sculpteur, de réaliser mes créations pour les exposer et de les vendre… Aujourd’hui mon vœux s’est exaucé, je suis sculpteur, mais depuis, je n’ai jamais eu le temps de refaire des créations pour moi. Peut-être un jour.
Merci pour cette interview
Pour en savoir plus sur le travail de Stéphane Barret, découvrez son site : Sculpteur Plasticien !
Le portrait de créateur, c’est votre tribune ! Nous vous proposons de présenter votre travail et votre quotidien de créateur. C’est un excellent moyen de vous faire connaître gratuitement et facilement ! N’hésitez pas à nous contacter pour vous proposer à redaction@creavea.com. Nous étudierons votre univers et vous proposerons une interview !